Roms de Houilles : Epilogue …
Rappel des faits.
Il existe une friche industrielle dite " Sarrazin " située dans le centre ville et qui est curieusement à l’abandon depuis 25 ans, livrée de manière récurrente à du squatt, à des parties de drogue, à des concours entre taggeurs, etc … Cette zone a servi d’argument électoral à l’équipe municipale sortante qui a promis monts et merveilles sur sa réhabilitation en centre commercial selon un projet privé assez flou qui en a étonné plus d’un et a inquiété bon nombre de petits commerçants de la ville …
Courant juin 2008, au sortir des élections municipales, une communauté roms s’y installe discrètement. La presse locale dénonce courant décembre que cette communauté rom composée de 10 familles est livrée à elle-même en plein froid hivernal avec des femmes enceintes et des enfants en bas âge, sans aucun suivi médical ni social. A la suite de cette alerte, un collectif humanitaire se met en place et sollicite notamment l’intervention des politiques.
En considération des valeurs d’entraide, de protection des familles et des enfants et de ce que ces roms sont nos concitoyens européens (objet à ce titre de directives d’accueil en vue de leur intégration), nous décidons de soutenir ce collectif. Diverses actions sont entreprises sous la houlette de RESF (Réseau Education Sans Frontière) :
- fixer ces migrants en leur donnant une domiciliation administrative que le CCAS sera contraint d’accepter ;
- scolariser les enfants (5 enfants le seront, ce qui est peu dans l’absolu mais important tout de même chacun de ces enfants)
- médicaliser les familles, notamment les femmes enceintes et les enfants en bas (cette initiative, contrecarrée par l’antenne sociale du très RPR Conseil Général des Yvelines, sera finalement gérée par le centre d’aide aux roms de Nanterre qui a menacé de représailles juridiques le Conseil Général des Yvelines pour comportement abusif et discriminatoire : retrait sans droit ni titre de titres de documents d’identité ou de sécurité sociale, grève du zèle lors du traitement des demandes, etc …
- obtenir des délais en Justice pour différer leur expulsion à la fin de la période scolaire (procédure initiée en février 2008 et qui est ensuite restée en suspens, notamment au niveau de l'aide juridictionnelle jusqu’à mai).
Les choses se déroulent en bon ordre sous l’attitude assez bienveillante de la sous-préfecture qui n'a aucune vision du projet de centre commercial et qui met la pression pour que la demande de délai soit tranchée en Justice. Les roms demandent de leur côté qu’on leur prête un terrain n’importe où du moment qu’ils peuvent accéder de manière payante à l’eau et à l’électricité. Cette demande est transmise à la sous-préfecture qui déclare l’étudier en concertation avec les propriétaires. Ceux-ci vont offrir provisoirement un terrain à l’abandon situé sur la commune de Bezons moyennant le départ rapide des occupants, en arguant d’une prorogation de leur promesse de vente d’une partie de la friche qui doit - comme par hasard - expirer le 1er juin.
L’audience est fixée au 19 mai. Les roms – assistés dans des conditions très discutables au titre de l’aide juridictionnelle - acceptent de bonne foi de jouer le jeu : l’offre de terrain est acceptée sous les conditions d’usage (il faut dire qu’ils n’avaient pas trop le choix) et à charge pour eux de libérer rapidement les lieux. Le collectif s’apercevra très rapidement à l’étude des documents que l’offre de terrain ne vaut que dés lors que la Préfecture d’accueil, à savoir celle de Pontoise, tolère le projet. Interpelée à ce sujet, la sous-préfecture de Saint Germain va confirmer au collectif qu’elle en fait son affaire. Et effectivement les policiers de Bezons sont présents le jour où les roms vont aller reconnaître les lieux.
Que va-t-il se passer ensuite ? Au jour même du déménagement du squatt, une campagne anti-roms est décrétée au niveau national suite à l’incendie d’une usine à Bobigny ayant provoqué le décès d’un petit enfant : des roms sont pourchassés sur la région parisienne ... Du coup, le projet d’hébergement est interdit par la Préfecture du 95 qui bloque l'accès au terrain en y posant une grosse benne !
La mairie de Carrières sur Seine via sa première adjointe approuve à grand cri en invoquant comme dans l'affaire des Fermettes des arguments xénophobes. La mairie de Houilles est aux abonnés absents et la mairie de Bezons botte en touche, arguant de relations hostiles entre les roms et les gens du voyage qu’elle héberge dans des conditions totalement irrégulières sur des bidonvilles en bordure de Carrières sur Seine.
Nous apprenons dans le même temps qu’à l’approche des élections européennes, les chefs de gouvernement français Sarkozy et italien Berlusconi et leurs ministres des affaires étrangères (dont Monsieur Kouchner, cofondateur de Médecins du Monde cf. ci dessous) ont saisi le Conseil Européen en vue d’une modification de la directive sur l’immigration en vue de limiter les obligations d’accueil et imposant des contraintes administratives dissuasives en violation du traité de Rome garantissant la liberté de circulation des personnes et donc la libre migration économique. Un nouveau projet taxé de xénophobe par toute la communauté hispanique et par les Etats membres du Mercosul (Communauté Economique d'Amérique du Sud) ...
C’est donc dans une logique électorale sécuritaire à l’occasion des prochaines élections européennes que des préfets ont torpillé un projet d’intégration et décidé de pourchasser les roms lequels ont de ce fait disparu dans la nature. Le collectif humanitaire a pris acte du comportement peu honorable des élus et des préfets en cause, qu’il considère à l’opposé des valeurs communes humanitaires qu’il défendait : si cette friche devait être libérée (et il le fallait), il fallait néanmoins un suivi social ; cela simplifiait beaucoup de choses et permettant d'autant une libération propre et non violente.
Mais au lieu de cela, ces roms ont eu droit à des faux semblants, à des fausses promesses : ceux-ci sont le reflet de l’hypocrisie ambiante qui consiste à mentir sur le devant et flatter par derrière des sentiments médiocres pour obtenir des voix. Ceci est en régression par rapport à la France des années de 50, celle qui répondait avec brio aux actions de l’Abbé Pierre et d’Emmaüs, et est à rapprocher des déboires judiciaires de la Cimade et de son contentieux avec les ministres Hortefeux et Besson dont la presse a fait écho.
Le bilan des courses est qu’un collectif humanitaire et transpolitique s’est créé solidement et en bonne intelligence et qu’il sera appelé à intervenir autant que faire se peut sur tous les problèmes humanitaires du canton, voire de la communauté de communes. Et ceci est une excellente chose.
Cf. pour plus d’infos
http://www.france24.com/fr/20090529-roms-eternels-indesirables-expulsion-france-saint-denis-prefecture-medecins-du-monde
http://www.medecinsdumonde.org:80/fr/presse/communiques_de_presse/familles_roms_medecins_du_monde_interpelle_les_candidats_aux_elections_europeennes
http://www.eudebate2009.eu/fre/article/25609/nouvelle-directive-europeenne-migration.html