Et si l'acteur principal du congrès de Reims n'était pas ... François Bayrou ?

Publié le par Mouvement Démocrate Ovillois

Extrait du blog de Laurent Pinsolle, journaliste. Mercredi 19 Novembre 2008 - 13:15

 

François Bayrou n'est-il qu'un simple conseiller municipal à Pau ? D'après Sarkozy, la réponse est oui. Pourtant, le leader du Modem pourrait largement profiter d'un éventuel éclatement du Parti Socialiste après le congrès de Reims et prendre une sérieuse option pour 2012. Mais devant l’incroyable processus d’autodestruction du Parti Socialiste, il se pourrait bien qu’il soit le principal gagnant du congrès de Reims et se positionne en vue de la prochaine élection présidentielle.

PS fracturé ? Il faut dire que la succession de François Hollande se fait de la pire manière possible : un parti fracturé en quatre motions dont aucune ne dépasse les 30%, des chefs incapables de sacrifier leur ambition à l’intérêt général du parti et des échanges toujours plus aigres entre ceux qui s’appellent pourtant camarades en public. Rien n’est épargné à de pauvres militants dépassés par tant de haine, qui démontre bien que ce parti n’est plus qu’une franchise électorale que se disputent des ambitieux soucieux de leur carrière. Car c’est bien cette prédominance des ambitions sur les convictions qui explique cette incapacité à se rassembler et à se retenir devant les médias. Pire, aucun des scénarios possibles ne semble devoir mettre fin à cette guerre des tranchées, qui devrait se prolonger jusqu’en 2011.

Coalition impossible ? Car même une victoire nette de Martine Aubry dès le premier tour ou au second ne suffira pas à ramener le calme dans le parti, même si cela aura peut-être le mérite de calmer les ardeurs de Ségolène Royal. En effet, sa coalition ne comporte pas moins de quatre candidats possibles à la prochaine présidentielle, sans compter François Hollande : elle, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, et Bertrand Delanoë. Le ralliement de ce dernier cache simplement une volonté d’éliminer la candidate de 2007 et de faire partie du camp des vainqueurs. Du coup, après le drame de 2008, le PS devra à nouveau subir des primaires sans doute dévastatrices en 2011. Et il est évident que les autres présidentiables ne feront pas de cadeau à une Martine Aubry qu’ils chercheront à éliminer en espérant être en meilleure position qu’elle dans les sondages pour l’élection présidentielle de 2012… Encore pire, il pourrait bien y avoir une victoire étriquée, que ce soit des partisans de Ségolène Royal ou de ses opposants. Dans le premier cas, il est difficile d’imaginer que le PS reste soudé derrière sa candidate de 2007, tant elle semble haïe. La moindre occasion sera utilisée pour l’abattre, notamment les élections européennes de l’an prochain. En outre, les règlements de compte entre ses opposants seront sans doute sévères et Martine Aubry sera sans nul doute lapidée par ses alliés d’hier pour sa volonté d’aller jusqu’au bout et ils lui attribueront l’entière responsabilité de l’élection de Ségolène Royal. Mais une élection étriquée de la maire de Lille ne sera guère plus satisfaisante car la présidente de Poitou-Charentes soulignera qu’à elle seule, elle pèse presque autant que tous les éléphants. Et outre, peut-on totalement exclure une initiative en dehors du PS ? Enfin, l’attelage à la tête du PS restera une coalition d’intérêts divergents…

Une chance pour le Président du Modem ? S
’il y a un gagnant dans ce congrès, son nom est clairement François Bayrou. Devant l’image pitoyable que donne le Parti Socialiste depuis deux ans et qu’il donnera sans doute dans les trois prochaines années, il semble plus que probable que les Français préféreront donner sa chance au président du MoDem pour affronter Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle, avec une grande chance de succès.  Après tout, lui se sera consacré à l’opposition au président sortant alors que les socialistes se seront surtout consacrés à s’opposer entre eux… Mais le processus d’autodestruction du Parti Socialiste est si violent que d’autres personnes pourront peut-être émerger : Nicolas Dupont-Aignan s’il réussit un bon score aux élections européennes de juin 2009, voire Dominique de Villepin s’il sort de ses ennuis judiciaires à temps.

En bref, Nicolas Sarkozy a bien tort de se moquer du conseiller municipal de Pau. La guerre des chefs du Parti Socialiste lui ouvre grand les portes du second tour pour 2012. Et avec une crise économique dont les conséquences se feront encore sentir, les militants de gauche se feront un plaisir de voter pour lui.

Retrouvez ici le blog de Laurent Pinsolle.

 


Le PS, un exemple du malaise de la gauche européenne - LEMONDE.FR | 19.11.08 | 18h42  

 

Après le congrès de Reims, le Parti socialiste, qui doit élire son premier secrétaire jeudi 20 novembre, est apparu plus divisé que jamaisPour Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles et spécialiste de la social-démocratie européenne, "le malaise est général" chez toutes les gauches européennes". Propos recueillis par Elise Barthet.

 

 

Le PS traverse aujourd'hui une période assez chaotique de son histoire. Qu'en est-il des autres partis de gauche en Europe ? Le malaise est général. A l'exception de l'Espagne, les performances électorales de la gauche en Europe sont très mitigées. Depuis cinq ans, le temps politique est largement défavorable à la social-démocratie. C'est valable aussi bien en Autriche qu'en Grèce, en Italie, en Belgique ou aux Pays-Bas. En Allemagne, le SPD est déchiré entre une tendance centriste et les partisans d'une radicalisation à gauche proche de Die Linke. Même en Grande-Bretagne, la succession de Tony Blair ne s'est pas faite sans mal. On est loin de la vague rose des années 1990.
 

Comment expliquer cette désaffection ? Le modèle d'Etat-providence des Trente Glorieuses, fondé sur le plein emploi et la concertation avec les partenaires sociaux, s'est considérablement effrité. Depuis la fin des années 1970, le chômage a explosé, l'Etat-nation a perdu certaines de ses compétences propres, et l'interdépendance s'est accrue en matière économique et financière. Parallèlement, le monde ouvrier et employé, socle électoral traditionnel de la social-démocratie, a décliné au profit de la classe moyenne salariée. C'est l'ensemble de ces éléments qui rend aujourd'hui plus complexe le rapport de forces et le positionnement idéologique de la social-démocratie.

 

Le modèle de la "troisième voie", porté dans la seconde moitié des années 1990 par Tony Blair ou Gerard Schröder, est-il épuisé ? Le problème, c'est que le discours de la social-démocratie en matière socio-économique n'est pas fondamentalement différent de celui de la droite. Bien sûr, les partis de gauche insistent davantage sur le rôle des mécanismes correctifs de régulation et les aides sociales du type allocations-chômage. Ils sont également beaucoup plus progressistes, voire avant-gardistes, sur les questions de société et de mœurs. Mais le recentrage libéral de la gauche européenne, engagé par des dirigeants comme Felipe Gonzalez en Espagne ou Mario Soares au Portugal dans les années 1980, a atténué les clivages et créé une certaine confusion.

 

La crise financière et ses conséquences économiques et sociales peuvent-elles favoriser le retour de la gauche sur la scène politique européenne ? Il est certain que le discours de régulation porté par la social-démocratie est plus audible dans un tel contexte. Certains secteurs de l'opinion seront vraisemblablement plus sensibles à cette rhétorique. Mais il faut rester prudent. Une partie de la droite a déjà pris un tournant en se réappropriant les idées des régulationnistes. En témoignent les positions de Nicolas Sarkozy depuis le début de la crise.

 
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